J’aime beaucoup la photo d’astronomie, même si je considère avoir encore beaucoup de croûtes à manger pour arriver au niveau souhaité. J’ai un télescope et une tête équatoriale motorisée avec un « go-to » qui permet de trouver pleins de choses dans le ciel nocturne. J’ai également l’intention de troquer mon trépied, qui peut être long à mettre à niveau, par un pilier de ciment qui devrait simplifier la prise de vue.
Beaucoup de non-initié voient le télescope et s’imaginent que ça grossit des centaines de fois. En fait, le propre d’un télescope n’est pas de grossir mais plutôt de capter de la lumière. C’est essentiel en observation visuelle : si vous ne captez pas assez de lumière, il vous sera impossible de voir galaxies et nébuleuses qui sont pour la plupart trop sombres pour être perçues à l’œil nu. Ce problème de visibilité n’existe pas de façon aussi aigue en photographie puisque les appareils photo peuvent accumuler de la lumière de plusieurs façons, chose que notre œil est incapable de faire.
Si le télescope ne grossit pas tant que ça, est-ce que ça signifie qu’on pourrait s’en passer? Peut-être… Du moins pour certains sujets astronomiques d’importance.
J’ai déjà couvert les photos de la lune dans un article précédent. Dans bien des cas, je photographie la lune avec un vieux téléobjectif Nikon Catadioptrique de 1000 millimètre. Avec cette optique je remplis l’image avec la lune en utilisant mes appareils Olympus micro 4/3, qui me donnent alors un équivalent de 2000 mm de focale. Dans d’autres circonstances, j’ai également utilisé mon 300 mm, avec ou sans convertisseur 1.4x, par exemple pour inclure des nuages intéressants ou une planète en conjonction (rapproché) avec la lune.
Mais si on veut photographier ce que l’on nomme en astronomie le « ciel profond », il faudra beaucoup plus d’exposition, ce qui implique la nécessité de suivre le mouvement des étoiles sur une période de temps qui peut atteindre et dépasser une heure de photographie continue. Mais attention, je ne parle pas ici de se mettre en « Bulb » et garder l’obturateur ouvert tout ce temps. Le numérique nous offre aujourd’hui la possibilité d’accumuler du temps d’exposition en tranches plus courte et moins compliquées à réaliser.
Il faut d’abord s’équiper d’une monture motorisée, communément nommé un « tracker », pour suivre les étoiles. J’ai longtemps utilisé une « porte de grange », qui consiste en deux planches reliées par une penture. Il faut trouver une façon de pointer la penture vers la polaire (plus facile à dire qu’à faire!), avec la penture du côté gauche, puis tourner un boulon qui pousse alors sur la planche qui supporte la caméra, ce qui permet de suivre les étoiles de façon relative. Avec ce système j’ai réussi des expositions allant jusqu’à cinq minutes.
J’utilise désormais une meilleure alternative, le tracker Ioptron. Une pile interne rechargeable par USB permet plusieurs heures d’utilisation. Sa robustesse autorise l’utilisation de mon 300 avec le 1.4x, mais en limitant le nombre de seconde d’exposition. Une session photo se déroulera comme suit :
On commence par mettre le trépied bien au niveau, sinon tout ce qui suit ne servira à rien. Le tracker est monté directement sur le trépied; la tête de trépied qui reçoit l’appareil est fixée sur le tracker. Je préfère utiliser une tête macro qui peut bouger l’appareil au millimètre près plutôt qu’une rotule, ce qui facilite grandement le cadrage du sujet choisi. Le tracker est pointé sur la polaire; pour ce faire, il dispose d’une lunette éclairée qui permet de bien positionner l’étoile polaire et de deux vis d’ajustements pour aller de droite à gauche et de haut en bas. Une fois l’alignement réalisé, il faut faire la mise au point. Mon E-M1 Mark III a une fonction pour faire la mise au point sur les étoiles, sinon il faudra souvent procéder à tâtons pour obtenir une image nette. Je donnerai quelques trucs supplémentaires dans un prochain blogue.
L’appareil est mis en rafale et un déclencheur est utilisé en position « lock » pour travailler en continue. Le temps d’exposition tourne souvent autour de 15 ou 20 secondes, ce qui limite les risques de traînée tout en accumulant assez de lumière. L’ISO est poussé, souvent jusqu’à 10 000, ce qui peut paraître surprenant pour un micro 4/3! Je surveille l’image sur le LCD pendant quelques minutes pour m’assurer que les étoiles demeurent stationnaires d’une image à l’autre, ce qui prouve que mon alignement est bien fait. On laisse ensuite le temps faire son œuvre…
Après une heure, on obtient quelques centaines d’images qui seront traitées avec un logiciel spécialisé. J’en utilise deux pour ce genre de photos : Deep Sky Stacker et Sequator. Le deuxième a l’avantage de pouvoir travailler avec des images qui incluent un horizon. Les deux vont aligner les images d’étoiles les unes sur les autres et ainsi accumuler la luminosité de chaque image. Il y a deux avantages supplémentaires à travailler avec cette technique. Premièrement, des expositions plus courtes sont moins sujettes à souffrir de la pollution lumineuse. Ensuite, l’accumulation des images réduit grandement le bruit numérique de l’image finale.
Les résultats qu’on peut obtenir avec de simples téléobjectifs sont impressionnants; il suffit d’y mettre un peu d’efforts en préparation et en post-production.
LES PHOTOS
Ma vieille « porte de grange » aura servie pendant plusieurs années. C’est avec elle que j’ai réalisé mes premières images de la Voie Lactée avec des expositions pouvant aller jusqu’à 5 minutes.
Un ciel bien noir en Outaouais a permis d’exposer en continue pendant près de 4 minutes, chose qui serait impossible à réaliser dans un environnement où la pollution lumineuse serait un facteur.
Canon 20D, 10-20 à 10mm, 3 :55 min à f/4, ISO 1600
Mes deux « trackers » motorisés. Le SLIK a l’avantage de fonctionner avec 4 piles AA, mais il est plus difficile à aligner sur la polaire.
Mon tracker préféré est le Ioptron; il est en mesure de supporter mon 300mm Olympus sans problème.
La comète Neowise photographiée d’un balcon en plein cœur de Montréal, preuve qu’avec les bons outils on peut réaliser des photos d’astronomie même dans les pires conditions de pollution lumineuse.
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 à 100mm, total de 3:26 minutes d’exposition à f/4, ISO 800.
La Nébuleuse d’Orion est relativement lumineuse. J’ai réussi cette image en empilant 19 images de 5 secondes (total de 95 secondes d’exposition). J’ai moi-même été surpris du résultat!
Olympus E-M1 Mark III, 300mm et convertisseur 1.4x, f/5.6, ISO 10000, sur tracker
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