Je me souviendrai toujours d’une randonnée dans l’un des sentiers du parc de Kouchibouguac du Nouveau-Brunswick. Je suivais quatre biches occupées à engouffrer leur déjeuner. Bougeant doucement, j’ai pu faire quelques clichés raisonnables. Je m’approchais pour un meilleur angle quand les quatre biches ont levé la tête à l’unisson en regardant dans la même direction, vers le début du sentier, pour ensuite s’éloigner plus profondément en forêt. Quelques secondes plus tard, deux hommes sont apparus, jasant de choses et d’autres, complétement ignorant des quatre biches qu’ils venaient de déranger. « Pis, t’as vu quelque chose? ». J’ai eu le goût de répondre : « Moi, oui. Vous, non! ».
Au Parc des Grands Jardins j’ai croisé un couple qui m’a confié à voix basse qu’ils venaient de voir un trio de loutres en chasse dans le lac que je pouvais voir au bas de la pente. Après les avoir remercié, j’ai bifurqué en direction du lac. Pratiquement au même moment, j’ai entendu une troupe d’au moins une dizaine de personnes qui s’avançait rapidement dans ma direction en parlant à tue-tête. J’ai immédiatement compris que mes chances de voir les loutres venaient de s’évaporer…
Au risque de paraître grossier, FERMEZ VOS GUEULES!
Il s’agit d’une des situations qui m’énerve au plus haut point lorsque je fais de la randonnée dans l’un de nos parcs Nationaux, Provinciaux, Régionaux, ou autres. C’est également une attitude qui m’est impossible de comprendre; vous êtes en pleine nature, là où les chances sont excellentes de voir des animaux autres que des écureuils ou des pigeons et soudain vous tombez sur un groupe qui jase et jase comme si ils étaient réunis autour de la table de cuisine. Si vous avez fait l’effort de vous déplacer et de marcher dans un sentier naturel, pourquoi ne pas vraiment en profiter? Certains, dont je fais partie, ont roulé pendant des heures pour le privilège de profiter d’un coin de vraie nature; un peu de respect s’il vous plait….
Les avantages de marcher en silence ou en limitant les conversations sont nombreux. Premièrement, on peut mieux se ressourcer; essayez, pour voir. Puis, on a toutes les chances d’interagir avec la faune locale. Il y a quelques années, dans un sentier du Parc du Mont-Tremblant, j’ai entendu venir une gélinotte. Je me suis assis bien tranquille au pied d’un arbre. Quelques secondes plus tard, l’oiseau est sorti de la broussaille et s’est approché. Il a littéralement passé sur mes bottes!... Il était même trop près pour la prendre au complet avec mon 100mm macro; j’ai dû me contenter de faire une photo de sa tête avec un sourire fendu jusqu’aux oreilles…
Cet été, dans un sentier du Parc de la Gaspésie, une randonné matinale de deux heures m’a permis de voir pas moins de 6 orignaux, dont une grande femelle à quelques enjambées de distance. Elle était si près que je l’ai photographiée avec mon 12-40… mais réglé à 35mm… Quelques années auparavant, sur le même sentier, nous étions au moins une demi-douzaine à observer et à photographier un jeune mâle accompagné de sa mère. Les gens étaient respectueux, bougeaient lentement et parlaient peu et bas, de sorte que nous avons passé un bon moment en compagnie de ces animaux impressionnants.
Évidemment, tous les gens qui se promènent dans nos parcs et réserves n’ont pas nécessairement une expérience de chasseur. Mais si vous espérez voir autre chose que des écureuils, il serait bon de faire preuve d’un peu plus de jugement et de respects envers non seulement la nature, mais également envers les autres visiteurs qui se déplacent pour profiter du spectacle. Les animaux que l’on retrouve dans ces réserves sont souvent habitués à la présence humaine, mais ils s’éloigneront tout de même si les gens qui s’approchent sont trop bruyants ou leurs mouvements trop brusques, ce qui peut être jugé comme une menace potentielle.
LES PHOTOS
Un castor occupé à manger. Photographié à mon chalet, ces castors se sont graduellement habitué à ma présence. J’étais toujours silencieux et bougeais lentement. A plusieurs occasions j’ai pu m’approcher de très près pendant qu’ils étaient occupés à couper des arbres ou à manger.
Canon 6D, 100-400 à 400mm, 1/60 à f/10, ISO 640
Caribou, Mont Jacques-Cartier au Parc de la Gaspésie. Les caribous nous voient venir de loin sur le plateau dégagé, mais si on bouge lentement et qu’on limite les conversations au plus bas niveau on peut souvent les approcher d’assez près.
Olympus E-M1 Mark II, 300mm et 1.4x, 1/800 à f/7.1, ISO 400
Une gélinotte curieuse, le long d’un sentier. Évitez les gestes brusques et les bruits intempestifs.
Canon 40D, 100-400 à 300mm, 1/100 à f/8.0, ISO 640
…et celle qui m’a passé sur les pieds en gloussant comme une petite poule…
Canon AE-1, 100 macro, scan d’une diapo
Un jeune orignal mâle au Parc de la Gaspésie. Nous étions au moins une demi-douzaine de visiteurs, et maman ne s’occupait pas de nous, tout occupée qu’elle était à manger.
Canon 7D, 100-400 à 210mm, 1/250 à f/8.0, ISO 640
Un autre orignal au Parc de la Gaspésie. En pleine mue, elle manque un peu d’élégance mais elle n’en est pas moins impressionnante, surtout qu’elle n’était qu’à une ou deux enjambées…
Olympus E-M1, 12-40 à 35mm, 1/50 à f/8.0, ISO 400
Deux cerfs de virginie au Parc du Bic. En fin de journée, ces deux cerfs sont sortis pour s’alimenter près de la plage. En bougeant lentement et silencieusement il a été possible de me rapprocher pour faire plusieurs bonnes photos.
Olympus E-M1 Mark II, 300mm, 1/200 à f/7.1, ISO 400
Olympus E-M1, 12-40 à 40mm, 1/320 à f/3.5, ISO 400
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