La nouvelle est tombée en fin de juin: après des mois de rumeurs et de dénis, Olympus a décidé de vendre sa division photographique. Un certain nombre de photographes qui ont fortement investi dans l’équipement de la marque sont nerveux…
Je suis personnellement un ambassadeur Olympus. Ma collection d’équipement comprend trois boîtiers (E-M1, ainsi que le Mark II et Mark III), la 12-40 f/2.8, la 40-150 f/2.8, la 300 f/4, la 60mm macro, et la 8mm fisheye, ainsi que deux flashs et le multiplicateur 1.4x. A cette collection s’ajoute une Laowa 7.5mm pour micro 4/3, la Laowa 25mm ultra macro qui fait du 5 pour un, et deux adaptateurs pour monter mes boîtiers sur microscope, télescope, et sur une 1000mm miroir Nikon. L’investissement représente plusieurs milliers de dollars. Et je ne suis pas inquiet… Pourquoi?
Premièrement, la division photo d’Olympus ne ferme pas ses portes; il s’agit d’une vente, comme Pentax a été vendu à Ricoh, ou Minolta à Sony. L’acheteur, JIP (Japan Industrial Partners) est spécialisé dans le redressement de compagnies qui sont en difficulté financières. Une fois la compagnie financièrement remise sur pied, JIP la revend normalement à un tiers pour assurer la suite des opérations.
La division photo d’Olympus a connu plusieurs déboires depuis une bonne décennie. En 2011 la compagnie a été impliquée dans un scandale financier qui a réduit la valeur de ses actions de 75 à 80% et entraîné le retrait de la majeure partie de sa direction (pour un article détaillé, en anglais, consultez https://en.wikipedia.org/wiki/Olympus_scandal). Les trois dernières années ont été difficiles, non seulement pour Olympus mais pour la majorité des fabricants d’équipements photographiques. Une bonne partie du problème est imputable aux téléphones cellulaires qui deviennent de plus en plus l’appareil de choix pour beaucoup d’amateurs occasionnels. Les appareils compacts bas de gamme ont pour ainsi dire disparus; ils représentaient une bonne part du revenu des manufacturiers. Ne restent plus que les appareils compacts haut de gamme et les appareils à objectifs interchangeables qui n’intéressent qu’une partie de la population. Selon un estimé, le marché des caméras numérique aurait diminué de 84% entre 2010 et 2018. Même la grande Nikon est présentement dans le trouble, annonçant des « pertes extraordinaires » pour 2020. Évidemment, la pandémie actuelle y est pour quelque chose…
Cette dégringolade n’a pas épargné Olympus; la division a déclaré des pertes pour les trois dernières années, dont 210$ millions en 2019, et 131$ millions en mars 2020. Bien que la direction d’Olympus ait longtemps déclaré haut et fort son intention de conserver la division photo, plusieurs analystes avaient prédit que cette vente était inévitable. L’intention actuelle (si on peut se fier aux déclarations des hautes directions…) est de conserver les noms d’Olympus et des objectifs Zuiko.
Olympus est donc vendu, mais ne disparaîtra pas pour autant, ou du moins pas tout de suite… Une fois la vente effectuée (début 2021), on peut s’attendre à un redressement sur une période de deux ans, durant laquelle on peut anticiper une réduction du nombre de modèles et un nombre limité de nouveautés. Suit la vente probable à un tiers. On peut donc espérer au moins trois ou quatre ans d’activité plus ou moins normale. Depuis l’annonce, de nouveaux objectifs sont déjà sortis, dont de tant attendu 150-400, ainsi qu’un nouvel appareil annoncé, le E-M10 Mark IV.
Entre temps, l’équipement que j’ai acquis continue de fonctionner. Si un bris venait à survenir, il n’y a pas à douter que les réparations seront toujours possibles pour plusieurs années. Et ensuite? Comme toujours, on passera à autre chose. Il y a 20 ans je travaillais toujours avec de la pellicule. J’ai passé au numérique il y a près de 20 ans, d’abords avec des APS-C puis avec un plein cadre. Il y a 10 ans, mes appareils étaient toujours des reflex gros et lourds. Puis j’ai passé au micro 4/3 plus légers et moins volumineux. Qui peut dire quel genre d’appareils j’utiliserai dans une autre dizaine d’années?
LES PHOTOS

Libellule en plein vol, plus facile à faire avec mes Olympus qu’avec des appareils reflex.
OMD E-M1, 300mm et 1.4x, 1/1250 à f/8, ISO 1000

Fous de Bassan, Ile Bonaventure.
OMD E-M1 Mark II, 300mm et 1.4x, 1/1250 à f/5.6, ISO 400

Grive, une photo réalisée à main levée…
OMD E-M1, 300mm et 1.4x, 1/80 à f/6.3, ISO 800

Impala en Afrique du Sud; la grosseur et le poids des Olympus sont un grand avantage en voyage à l’étranger.
OMD E-M1 Mark II, 300mm et 1.4x, 1/250 à f/5.6, ISO 400

Jaguar au Zoo de Granby.
OMD E-M1 Mark II, 40-150 à 150mm, 1/125 à f/5, ISO 800

Même si on travaille avec un micro 4/3, on peut obtenir de beaux bokeh avec les bons objectifs.
OMD E-M1, 300mm et 1.4x, 1/50 à f/8, ISO 400

Huard à partir d’un kayak. Ici encore, l’encombrement réduit des Olympus et des téléphotos Zuiko ont un avantage marqué sur les DSLR.
OMD E-M1 Mark II, 40-150 et 1.4x, 1/1600 à f/8, ISO 800


Une partie de ma collection d’appareils et de « pins » Olympus.

Libellule dans la rosée du matin. Le téléphoto compresse l’image et isole l’insecte du fond.
OMD E-M1 Mark II, 300mm et 1.4x, 1/125 à f/8, ISO 320

Chute au Parc de La Mauricie. En randonnée le poids plus léger fait plaisir à mon dos…
OMD E-M1 Mark II, 12-40 à 40mm, 0.5 sec à f/16, ISO 200

Trille blanc au Mont Rigaud. Un autre avantage des Olympus est leur capacité de faire du « stacking » dans l’appareil. Ici, huit images ont été assemblées pour obtenir toute la profondeur de champ souhaitée.
OMD E-M1 Mark II, 12-40 à 12mm, 1/80 à f/6.3, ISO 500
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