Avant l'avènement du numérique les images panoramiques étaient du domaine des appareils spécialisés, parfois même de fabrication artisanale. Certains de ces appareils avaient des objectifs pivotants pour exposer une plus grande surface de film avec le moins de distorsions possible. Certains utilisaient du 35mm, d'autres faisaient appel au film 120 en rouleau. Tous faisaient des images deux ou trois fois plus longues que l'image de format normal. L'impression était également compliquée; on utilisait des agrandisseurs conçus pour le format 4x5 ou plus.
Toutes ces complications ont disparues avec l'arrivée du numérique. Une série d'images bien exposées peut être assemblée avec divers logiciels en post-production. Plusieurs appareils peuvent même faire une image panoramique simplement en les tournants pour créer un panoramique en continu; c'est l'apanage des appareils compacts et même des téléphones. Ceux qui désirent plus de qualité devront faire appel à un appareil à objectif interchangeable et travailler un peu plus.
Si instinctivement on aura tendance à faire des images horizontales pour en faire un panoramique, la qualité de l'image finale augmentera grandement en tournant l'appareil pour faire plutôt une série d'images verticales. La raison est bien simple. Par exemple, mon 6D donne des fichiers de 5472x3648 pixels (20 mégapixels); trois images horizontales, avec un chevauchement de 20%, donnera une image de 8755x3648 pixels. Pour couvrir la même surface en vertical, il nous faudra environ 5 images et l'image finale mesurera environ 14592x5472 pixels, soit une surface plus grande par un facteur de 2.5x. Ce petit truc est également possible avec plusieurs compacts qui offrent le choix de tenir l'appareil à l'horizontal ou à la verticale durant la prise de vue panoramique.
Un autre avantage à photographier en vertical est qu'on peut facilement utiliser une focale un peu plus longue, diminuant ainsi les distorsions dans l'image, ce qui est spécialement important lorsque l'on réalise des images individuelles qui seront assemblées subséquemment à l'aide d'un logiciel.
Le plus difficile avec un appareil à objectif interchangeable demeure l'exposition; il faut surtout éviter tous les modes automatiques. Par exemple, en mode priorité à l'ouverture un panoramique de 180 degrés risque fort de passer d'une zone claire à une zone plus foncée; l'appareil variera alors son exposition et l'assemblage parfait deviendra rapidement impossible. Même l'ISO doit être en manuel. La bonne technique consiste donc à tout mettre en manuel et trouver une exposition moyenne tout en évitant la surexposition des zones les plus claires. Perdre les zones plus sombres, qui deviennent alors noires, est visuellement acceptable, mais lorsque les zones plus claires sont brûlées l'image sera très difficile à rattraper. Il est également utile de mettre la mise au point en manuel pour éviter que celle-ci varie d'une image à l'autre.
Si vous allez faire des photos panoramiques à l'occasion, un bon truc consiste à faire une photo « vide », par exemple la paume de sa main, avant de faire les images qui serviront à faire le panoramique, suivie d'une autre image « vide ». De cette façon il sera facile de déterminer que les photos entre les images vides sont à assembler en panoramiques, sinon, il serait possible de croire qu'une image ne vaut pas la peine d'être conservée et risquer alors de l'effacer par erreur.
Beaucoup de logiciels permettent d'assembler des images individuelles en panoramiques. Certains, comme Hugin Panorama Software et AutoStitch (gratuits) ou PTGui ou PhotoStitcher (payant) sont dédiés uniquement à la photo panoramique. D'autres, comme Photoshop et Lightroom (payant) ou Gimp (gratuit), sont des logiciels plus polyvalents qui peuvent également faire du panoramique.
Les plus fanatiques vont même jusqu'à payer quelques centaines de dollars pour se procurer des têtes de trépieds spécialisées permettant de positionner précisément l'objectif à un point nodal qui varie en fonction de la longueur focale. Ces têtes rendent possible la prise de vue d'une série de photos avec un positionnement précis de chaque image pour créer un panoramique avec un minimum de distorsions. Pour la plupart des photographes, même ceux qui sont assez exigeants, de telles têtes sont souvent superflues.
Plusieurs de mes panoramiques sont réalisés à main levée. J'utilise une grille dans mon viseur pour maintenir l'horizon le plus droit possible et pour aider à garder suffisamment de chevauchement dans les images successives. Lorsque c'est possible, surtout quand la lumière est plus faible, je sors le trépied. La tête que j'utilise me sert également en macrophotographie; il s'agit d'une tête dite « trois voies », ce qui signifie que le positionnement horizontal-vertical-latéral se contrôlent indépendamment l'un de l'autre. Une fois le trépied bien au niveau, je peux alors positionner la caméra en m'assurant qu'elle aussi est bien au niveau, pour ensuite faire ma série de photos en tournant l'appareil de gauche à droite entre chaque image.
Peu importe l'équipement utilisé, avec un peu de pratique les images panoramiques sont faciles à réaliser et toujours intéressantes à regarder. Elles permettent d'enregistrer beaucoup plus qu'une simple photo grand angle.
Christian Autotte
M Christian Autotte est photographe professionnel et conseiller chez Royal Photo à Montréal. Si vous désirez vous faire conseiller pour l'achat d'un nouvel appareil ou objectif, n'hésitez pas à le rencontrer.
LES IMAGES
Widelux
fuji-617
01_Widelux et 02_fuji-617 : Deux caméras argentique conçues pour faire des panoramiques.
Le volcan Arenal au Costa Rica; quelques minutes plus tôt il avait la tête dans les nuages…
Canon 40D, 17-40 à 28mm, 1/400 à f/10, ISO 160. Quatre photos assemblées.
Le Parc de Frontenac abrite une tourbière particulièrement intéressante. Mais pour bien représenter son étendue il fallait plus qu'une simple image. Quatre images ont donné ce panorama.
Olympus E-M1, 12-40 à 12mm, 1/80 à f/11, ISO 320.
Un beau paysage d'automne capturé en trois images.
Canon 40D, 17-40 à 29mm, 1/100 à f/10, ISO 400.
Une mare à castor dans la brume d'automne.
Canon 7D, Tokina 10-20 à 20mm, 1/180 à f/13, ISO 400. Trois images.
Les kettles sont des lacs glaciaires généralement ronds; ils sont formés par un immense bloc de glace qui s'est détaché lors du retrait du front glaciaire. Parc des Grands-Jardins.
Olympus E-M1 Mark II, 12-40 à 14mm, 1/160 à f/14, ISO 250. Trois images
Vue du St-Maurice en automne. Parc de La Mauricie.
Canon 7D, 17-40 à 22mm, 1/100 à f/10, ISO 160. Quatre images.
Un panoramique en infrarouge. J'ai deux appareils modifiés pour photographier dans l'infrarouge, ce qui donne des images étonnantes.
Canon 20D modifié, 17-40 à 17mm, 1/60 à f/11, ISO 400. Trois images.
Carrière des Emeraudes, Gaspésie. Durant mes expéditions de paléontologie j'ai très souvent eu recours aux panoramiques pour illustrer le lieu de nos fouilles.
Canon Powershot A570, 1/500 à f/5.6, mode panoramique intégré.
Un sujet allongé comme le Rocher Percé se prêtent tout naturellement au panoramique.
Canon 40D, 17-40 à 36mm, 1/400 à f/9, ISO 200. Quatre images.
Lors d'un voyage en Afrique du Sud j'ai visité un cratère causé par un météorite il y a 220 000 ans. On distingue très bien le pourtour du cratère derrière le lac qui s'est formé au fond.
Olympus E-M1 Mark II, 12-40 à 12mm, 1/100 à f/8, ISO 200. Trois images.
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