Nombreux sont les photographes qui ont une certaine crainte à placer le soleil dans leurs images. Bien sûr, on photographie le coucher de soleil, mais qu’en est-il du soleil au milieu de la journée? Certains ont peur que pointer leur appareil vers le soleil pourrait endommager leur précieuse caméra. D’autres s’imaginent que le soleil dans une image présente des difficultés d’exposition insurmontables. En fait, le pire qui peut arriver est quelques reflets (des « flares ») mal placés.
La première chose à faire est d’éliminer tous les filtres. Contrairement à la croyance populaire, il est inutile d’ajouter un filtre pour diminuer la luminosité de l’image; les appareils ont suffisamment de marge de manœuvre pour bien exposer l’image en augmentant leur vitesse d’exposition. Le seul type de filtre qui pourrait avoir une certaine utilité serait un gradué qui permettrait de contrôler la luminosité du ciel par rapport au sol. Mais j’ai tendance à préférer travailler en mode HDR qui permet d’étaler la plage dynamique de l’image sans pour autant risquer de dégradations causées par les filtres.
Tous les filtres, surtout ceux d’une qualité inférieure, risquent de faire rebondir des rayons lumineux entre le filtre et le premier élément de l’objectif, accentuant ainsi le risque de reflets indésirables.
Les objectifs les plus sujets à causer des reflets sont les zooms grands angles. Les focales fixes produisent généralement des images où les reflets sont moins visibles, ce qui ne veut pas dire qu’ils seront toujours absents. Mais il y a plusieurs options pour réduire le problème. Le premier est de fermer le diaphragme. Cette option a également un effet secondaire du plus bel effet : la formation d’une « étoile » à plusieurs pointes. Le nombre de pointes dépendra du nombre de lames de diaphragme dans l’objectif.
Une autre option lorsque le soleil doit être présent dans notre composition est de placer celui-ci derrière un obstacle quelconque : un arbre, une branche, ou même attendre qu’un nuage se place au bon endroit. En changeant légèrement de position on peut souvent éliminer totalement les réflexions gênantes tout en gardant le soleil partiellement visible dans l’image.
Les quelques reflets qui restent peuvent généralement être éliminés en utilisant le tampon de Photoshop ou autre logiciel de retouche. Une autre option est d’utiliser le lasso pour encercler les reflets gênants et d’utiliser le mode d’effacement sensible au contenu (« content-aware »). Au final, quelques reflets discrets ne dégradent que très peu une bonne image.
Il existe également une technique de retouche bien simple pour éliminer complètement les reflets. On commence par faire une première image avec le soleil et les reflets qui l’accompagnent. On réalise ensuite une deuxième image en plaçant la main ou quelques doigts devant le soleil. Puisque l’on masque le soleil, on élimine totalement les reflets. Il ne reste plus qu’à combiner les deux images avec un logiciel comme Photoshop. Pour ce faire, on ouvre les deux images côte à côte et on utilise le tampon pour importer le soleil par-dessus l’image de la main. Et le tour est joué : on obtient une image du soleil sans le moindre reflet…
Regarder directement le soleil à travers l’objectif d’un appareil reflex (DSLR) peut être très risqué : la concentration de la lumière et de la chaleur peut rapidement endommager la rétine de l’œil. Il est préférable d’utiliser l’écran LCD en visée directe, on ne regarde alors qu’une image numérique et non le soleil lui-même. Les appareils sans miroir éliminent évidemment tous risques puisqu’ils présentent une image numérique même dans leur viseur. Ceci dit, il n’est pas conseillé de garder l’appareil pointé vers le soleil pour une période de temps prolongée. La concentration de la lumière solaire pourrait faire fondre le capteur, comme certains l’on apprit durant la dernière éclipse solaire (allez voir le clip suivant : https://www.theverge.com/2017/8/19/16173784/total-solar-eclipse-photography-no-filter-dslr-camera-zoom-lens).
Également, les longues focales grossissent plus et ont donc plus de puissance de concentration, ce qui augmente les risques. Ceux, comme moi, qui photographie le soleil pour voir ses taches solaires utilisent un filtre spécial qui ne laisse passer que .001 de la lumière solaire. De tels filtres sont disponibles à prix raisonnable à la Maison de l’Astronomie (http://maisonastronomie.ca/). La plupart de ces filtres se présentent sous la forme d’une pellicule de mylar que l’on découpe à la dimension désirée.
Durant nos hivers Québécois il faut profiter de toutes les opportunités pour laisser entrer le soleil, que ce soit à la maison, en randonnée, ou dans nos images!
LES PHOTOS
Le soleil au-dessus d’une mare à castor gelée.
Canon 20D, Sigma 10-20 à 5mm, 1/80 à f/22, ISO 100
Une image avec la main qui cache le soleil élimine les reflets. Une image avec le soleil que l’on veut dans l’image. On combine les deux (E2280110b) avec Photoshop pour obtenir l’image finale (E2280110c).
Olympus OMD E-M1 II, Laowa 7.5, 1/640 à f/22, ISO 200
En plaçant le soleil derrière quelques branches j’ai réussi à éliminer la majorité des reflets.
Canon 7D, Fisheye, 1/100 à f/16, ISO 200
Canon 7D, Sigma 10-20, 1/13 à f/22, ISO 100
Lac gelé au mois de décembre.
Canon 20D, Sigma 10-20 à 10mm, 1/125 à f/22, ISO 200
Le soleil au-dessus des montages du Parc de la Gaspésie. Les quelques reflets visibles sont très acceptables.
Canon 7D, Sigma 10-20 à 11mm, 1/400 à f/16, ISO 160
Quelques arbres morts sur un lac partiellement relevés par des castors. Ici encore, le placement du soleil derrière un arbre réduit considérablement les reflets présents.
Canon 20D, Sigma 10-20 à 10mm, 1/160 à f/14, ISO 100
Une cabane à sucre dans l’Outaouais. Quelques reflets présents près de la cabane sont très discrets.
Canon 20D, Sigma 10-20 à 13mm, 1/100 à f/20, ISO 200
A ne pas faire chez soi… Un montage de photos réalisées à l’aide d’un filtre solaire monté sur l’ouverture de mon télescope durant la dernière éclipse solaire partielle.
Olympus OMD E-M1 II, Celestron 8 pouces, 1/125, ISO 400
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