QUE NENNI, LA NIDIFICATION!…
- Christian Autotte
- 1 juil.
- 4 min de lecture
On est en pleine période de nidification. Certains photographes sont alors tentés d’en profiter pour photographier les oiseaux au nid, ou au moins tenter de photographier les adultes qui reviennent le bec plein de victuailles pour leur progéniture.
Par contre, il faut bien réfléchir avant d’agir. On peut être tenté de croire que le fait de s’installer près d’un nid n’aura aucune conséquence fâcheuse, mais il a été démontré que le simple fait de laisser son odeur près d’un nid peut inciter certains prédateurs, comme les renards, à s’intéresser à l’environnement immédiat du nid, et ainsi contribuer à la prédation des oisillons.
La loi Canadienne sur les Oiseaux Migrateurs prévient également qu’il est interdit de déranger les nids :
« À compter du 30 juillet 2022, en vertu du ROM 2022, il est désormais interdit d'endommager, de détruire, d’enlever ou de déranger les nids d'oiseaux migrateurs lorsqu'ils contiennent un oiseau vivant ou un œuf viable. »
Évidemment, le problème avec cette loi demeure son application; on ne trouve pas un garde dans chaque boisé ou chaque champ en friche occupé par des oiseaux migrateurs… L’application de la loi est donc une affaire de responsabilité individuelle. Ceux qui se disent amoureux de la Nature doivent y voir, tant par leurs actions personnelles que par leur influence dans leur entourage. Si le hasard met un nid sur votre route, vous pouvez en faire un rapide cliché, mais sans insister. Évitez de rester trop longtemps sur place, ce qui risquerait de stresser les parents et mettre en danger la survie des œufs ou des oisillons.
Si des professionnels ou des amateurs d’expérience ont par le passé installé des caches à proximité de nids, la pratique est de plus en plus décriée. Il faut une bonne dose de connaissances en comportement animal pour pouvoir installer une cache sans mettre en risque la survie du nid. Une meilleure solution consiste à donner aux oiseaux une option « artificielle » sous forme de nichoirs. Certaines régions du Québec ont ainsi élaboré des programmes d’installation de nichoirs en série qui ont permis d’augmenter la population de merle bleu et de canard des bois. Rien n’empêche les amateurs de faire de même.
L’hiver dernier, je me suis amusé à fabriquer une série de nouvelles cabanes d’oiseaux avec des rebuts de bois trop petits pour en faire autre chose. Ces cabanes se sont ajoutées à quelques-unes qui étaient déjà montées sur le devant du balcon et du garage. J’en ai installé plusieurs dans les arbres derrière la maison. Installer plusieurs nichoirs dans des endroits différents donne des options différentes aux oiseaux. Certains nichoirs peuvent demeurer inoccupés, mais l’option demeure.
Si des branches d’arbres sont disponibles à proximité des nichoirs, les oiseaux peuvent s’y percher avant de se rendre au nid, donnant au photographe une opportunité de les photographier de façon sécuritaire. Généralement, les oiseaux qui utilisent les nichoirs près des maisons seront plus tolérants de la présence humaine. Les hirondelles bicolores qui utilisent un des nichoirs montés sur mon balcon viennent au nid même lorsque je me prélasse avec les pieds sur la balustrade… Il y a quelque temps, lorsque je réinstallais un nichoir après avoir exécuté quelques travaux sur la façade du garage, une hirondelle s’est approchée à quelques centimètres en jacassant, m’invectivant pour que j’en finisse plus vite!
Les populations de beaucoup de nos oiseaux migrateurs sont en baisse. Dans bien des cas, le problème est à l’étranger, dans leur habitat hivernal, où les restrictions environnementales régissant les pesticides sont moins sévères que dans nos pays nordiques. Mais il ne faudrait pas ajouter au stress de nos oiseaux durant leur période de nidification simplement pour obtenir quelques photos qui dormiront probablement dans un disque dur anonyme…
LES PHOTOS

Nid d’une espèce non –identifiée trouvé au sol, au hasard d’une randonnée.
Canon 20D, 100-400 à 170mm, 1/125 à f/8.0, ISO 200

Nid de merle, à quelques pieds du sol.
Olympus E-M1 Mark III, 12-40 à 20mm, 1/40 à f/10, ISO 320

Nid de pluvier Kildir au sol. Lorsque vous trouvez un tel nid, un des adultes vous tourne autour en feignant d’avoir une aile cassée pour vous attirer loin du nid; après avoir pris un ou deux clichés, je lui ai fait plaisir en tombant dans le panneau pour le suivre jusqu’à ce qu’il s’envole.
Canon 7D, 17-40 à 40mm, 1/100 à f/9.0, ISO 320

Un vieux nid plein de neige… pas de risque de déranger les occupants…
Canon Rebel, 100-300 à 200mm, 1/40 à f/18, ISO 100

Un de mes nichoirs avec un occupant attentif.
Olympus E-M1 Mark III, 300mm et 1.4x, 1/250 à f/5.6, ISO 400




Avec un peu de patience et un appareil doté d’un mode rafale assez rapide, il est possible de faire une série de photos des adultes qui vont et viennent au nichoir. Il faut s’attendre à beaucoup de photos ratées, d’images vides ou mauvaise mise au point, mais selon la loi de la moyenne, après quelques dizaines d’images on devrait obtenir un ou deux bons clichés…
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 et 2x, 1/1600 à f/6.3, ISO 800

Pendant une brève période, on peut avoir la chance de rencontrer les jeunes perchés près du nid; les adultes continuent à la nourrir pendant quelques jours.
Canon 7D, 100-400 à 285mm, 1/640 à f10, ISO 320
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