Comme déjà mentionné dans des blogues précédents, il n’est pas toujours nécessaire, ou même utile, d’utiliser un télescope pour faire de la photo d’astronomie. Un bon exemple est la galaxie Andromède, ou pour les initiés, M31. Observée à l’œil nu, on pourrait penser qu’il s’agit d’un objet minuscule, à peine plus gros qu’une étoile. Mais en fait, la galaxie couvre un espace aussi large que 6 pleines lunes! Le problème n’est pas sa taille, mais son manque de luminosité.
L’image que vous voyez ici a été réalisée avec un 40-150 f/2.8 sur un Olympus E-M1 Mark III, ce qui donne l’équivalent d’un 300mm. L’image a été légèrement recadrée. Une telle image ne se réalise pas en appuyant simplement sur le déclencheur… Voici donc le récit de cette prise de vue.
L’appareil et son objectif ont été montés sur un tracker Ioptron bien aligné sur la Polaire, avec un trépied parfaitement au niveau. J’ai ensuite utilisé l’option « mise au point sur les étoiles » particulière à mon appareil (avec un autre appareil, j’aurais utilisé des accessoires dont je vais discuter dans un autre blogue pour faire la mise au point à l’infini). Avec l’ISO poussé à 12800, j’ai ensuite fait quelques images préliminaires de quatre secondes pour bien centrer le sujet; une fois satisfait, j’ai ensuite placé le capuchon sur l’objectif et fait 5 images, que l’on nomme des « darks », en utilisant l’ISO choisi (6400) et le même temps d’exposition (8 secondes). Avec un déclencheur bloqué sur « lock » et l’appareil en mode rafale, j’ai débuté la session d’images. Les premières minutes j’ai également surveillé les images pour m’assurer que les étoiles demeuraient à la même place, question de valider que tout était bien enligné.
Après un peu plus d’une heure et quelques 480 photos plus tard, je suis revenu pour débrayer le déclencheur. Avec le capuchon remis sur l’objectif, j’ai fait 5 autre darks. Ces images noires servent à analyser et soustraire le bruit numérique de l’image, mais ce bruit numérique peut varier en fonction de la température du capteur. C’est pour cette raison que j’en fais au début et à la fin de ma session de photos.
On passe ensuite à la post production. Les images ont été transférées dans un dossier spécifique avant d’être importées dans DeepSkyStacker. Le logiciel demande les images, les darks, mais aussi des flats et des bias. Ces deux types d’images ont également pour but d’éliminer le plus possible des défauts de l’image. Pour faire des flats je place un plexiglas blanc sur l’objectif et photographie en pointant vers un ciel de teinte uniforme. L’ouverture choisie sera semblable à celle utilisée pour photographier les étoiles (dans mon cas, f/4.0), et avec une exposition « normale » pour ne pas surexposer l’image. La photo qui en résulte paraît légèrement plus sombre sur les côtés; c’est le « vignetting ». Le bias est encore plus simple à faire : avec un capuchon sur l’objectif, on fait une photo à la vitesse d’exposition la plus rapide permise par l’appareil. Flats et bias ne sont pas affecté par la température, mais par l’ISO, la longueur focale, et le type de fichier (JPG ou RAW), de sorte que l’on peut en faire une série et les mettre de côté; j’ai tout un dossier nommé « bruit » où ces images particulières sont nommées en fonction de l’appareil et de l’optique utilisée.
Toutes ces images, ciel, Darks, Flat, Bias, sont donc importées dans le logiciel qui aligne les images et traite le bruit numérique. C’est un processus qui peut prendre beaucoup de temps en fonction du nombre et de la complexité des d’images et de la vitesse des processeurs de l’ordinateur; dans mon cas, cette première partie a duré plus de cinq heures! L’image brute obtenue demande encore un peu plus de travail. On passe donc à Photoshop. Dans mon cas, je travaille toujours avec le vieux CS6, auquel j’ai ajouté une suite d’actions nommée « Astronomy Tools ». En photo d’astronomie le résultat final dépend autant du traitement de l’image que de la prise de vue, si non plus. J’en ai encore beaucoup à apprendre dans ce domaine.
Une alternative à DeepSkyStacker est le logiciel Sequator (Windows seulement); gratuit, il travaille également plus rapidement que DSS et est plus simple d’utilisation. Ses résultats pour le « ciel profond » sont peut-être légèrement inférieurs, mais pour la majorité des utilisateurs ils demeurent tout à fait acceptables.
Le résultat final est ma première photo « acceptable » d’Andromède. J’ai l’intention de reprendre l’essai dans quelques semaines, en espérant un ciel encore plus pur et une exposition totale d’environ deux ou trois heures. Ensuite, on passera au plein cadre sur télescope…
POUR TROUVER ANDROMÈDE…
Trouver la galaxie d’Andromède est assez facile. On commence par repérer la Grande Ourse, bien connue par la plupart des gens et facile à repérer dans le ciel nocturne. A sa droite, trouvez ensuite un groupe d’étoiles formant un grand « W »; c’est Cassiopée. Entre les deux on trouve par ailleurs l’étoile Polaire qui, contrairement à la croyance de bien des gens, n’est pas l’étoile la plus brillante du ciel. Les trois étoiles formant la branche de droite du W de Cassiopée servent ensuite de pointeur; un peu à leur droite vous verrez une petite tache laiteuse : c’est la galaxie Andromède (M31), l’objet le plus éloigné que l’on puisse voir à l’œil nu. Elle est à 2.537 millions d’années-lumière de la Terre. Autrement dit, la lumière que vous voyez a quitté la galaxie bien avant l’apparition de l’homme moderne qui date de 200 000 ans…
Pour ceux qui aimeraient se procurer le Skytracker :
DeepSkyTracker se trouve sur le site :
Finalement, Sequator :
Astronomy Tools est peu coûteux; il s’agit d’une suite d’actions préprogrammées que l’on peut ajouter à Photoshop :
LES IMAGES
Pour photographier Andromède, il faut d’abord la trouver! La plupart des gens savent repérer la Grande Ourse. De la Grande Ourse, on peut repérer l’Étoile Polaire. A distance égale de l’autre côté de la Polaire on peut facilement voir un grand « W »; il s’agit de Cassiopée. La deuxième branche du W pointe vers M31, Andromède, que l’on peut distinguer comme une vague tache dans le ciel, à peine plus grosse qu’une étoile.
Le premier test a permis de voir Andromède, mais des fils électriques étaient dans le chemin… J’ai dû repositionner le trépied et refaire l’alignement sur la Polaire.
EM-1 Mark III, 40-150 à 52mm, 4 sec, f/4.0, ISO 12800
…Tentative suivante, encore quelques fils. On recommence l’alignement…
EM-1 Mark III, 40-150 à 52mm, 4 sec, f/4.0, ISO 12800
Une seule image ne donne qu’une pâle idée de la beauté de la galaxie. Il faut en accumuler beaucoup plus pour augmenter la luminosité.
EM-1 Mark III, 40-150 à 150mm, 8 sec, f/4.0, ISO 6400
L’accumulation d’images révèle Andromède mais aussi une multitude d’étoiles invisibles sur une seule image.
EM-1 Mark III, 40-150 à 150mm, 8 sec, f/4.0, ISO 6400, 480 images assemblées avec Deep Sky Stacher et traitées avec Photoshop
Les mêmes images ont été assemblées avec Sequator avant de passer par Photoshop. Le résultat est très acceptable et les différences tiennent plus du traitement subséquent avec Photoshop que de l’empilement des images par les différents logiciels.
EM-1 Mark III, 40-150 à 150mm, 8 sec, f/4.0, ISO 6400, 480 images assemblées avec Sequator et traitées avec Photoshop
L’équipement utilisé pour photographier Andromède : EM-1 Mark III, 40-150, et SkyTracker Pro d
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