KWE! POW-WOW!
- Christian Autotte
- il y a 3 minutes
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Adolescent, j’ai fait mes études secondaires à Nicolet. Parmi mes amis de classe, il y avait quelques O’bomsawin, des Abénaquis d’Odanak. C’est à cette époque que moi et ma famille avons vécu nos premiers pow-wow. Pour nous, le rapprochement aux peuples autochtones n’était pas un problème, mais une réalité de tous les jours.
Bien que la réconciliation ait débuté depuis quelques années, nombreux sont ceux qui n’ont jamais assisté à un pow-wow. Mais que sont les «pow-wow»? Ils ne sont surtout pas des spectacles de danse! Un pow-wow est un rassemblement annuel des membres d’une nation autochtone qui sont souvent dispersés sur un vaste territoire. C’est un moment de fête où on retrouve amis et famille, où sont également invités les membres d’autres communautés, y compris la communauté des envahisseurs européens que nous sommes...
Ce qui se passe dans un pow-wow varie d’un endroit à l’autre, mais tous débutent avec des cérémonies axées sur la spiritualité du peuple qui le donne et sur la reconnaissance des communautés invitées. Suivent les festivités comme telles. Attendez-vous à entendre beaucoup de tambours! Mais le plus intéressant pour les photographes demeure les danses. Dans certains pow-wow il peut s’agir de concours auxquels participent des danseurs venant des quatre coins du continent. Et en passant, les danseurs ne sont pas costumés comme pour passer l’Halloween! Ils ne portent pas un costume, mais une régalia qu’ils ont souvent fabriquée eux-mêmes; c’est un symbole sacré de leur identité.
Cette année, j’ai eu la chance de participer au pow-wow de la nation Wolastoqiyik Wahsipekuk, un peuple connu autrefois comme les Malécites, qui ont leur territoire à Cacouna.
Même si c’est un rassemblement public, on se doit d’agir avec respect. Portez attention au maître de cérémonie; celui-ci indiquera lorsqu’il n’est pas approprié de photographier. Ainsi, au début du pow-wow de Cacouna on a introduit des nations présentes avec leurs drapeaux respectifs; non seulement était-il interdit de photographier ou de filmer, mais on devait également retirer chapeaux et casquettes et se lever, comme lors de la présentation de nos hymnes nationaux.
Les cérémonies d’ouvertures complétées, on est passé à la danse! Les premières danses étaient « inter-tribales » et tous pouvaient participer; une bonne façon de se délier les jambes! Ont suivi des danses spécifiques, qui ont leur nom propre ou leur style : « Fancy », « Traditionelle », « danse du serpent », « Grass Dance », « Danse du Papillon », « Chicken Danse »… C’est durant ces danses, où le nombre de participants est plus limité, que le photographe tirera ses meilleures images.
Oubliez les flashes, qui pourraient distraire les danseurs ou déranger les autres visiteurs. À moins de vouloir faire partie de la danse, vous ne pourrez pas vous rapprocher des artistes; si un grand angle permet d’avoir un plan d’ensemble du site, un téléphoto isolera un ou deux danseurs durant leurs performances. Dans le cas du pow-wow de Cacouna, les danseurs et les spectateurs étaient tous au même niveau, de sorte qu’il était parfois difficile d’isoler un individu de la foule de l’arrière-plan. Pour obtenir des images avec plus d’impact, n’hésitez pas à serrer au plus près. Dans ce genre d’évènements, un zoom lumineux demeure l’idéal; en un tour de sa bague de zoom, on peut passer d’une longueur focale à l’autre, peaufiner une composition, chercher un détail dans un costume. Même si j’ai eu la mauvaise idée de trimballer mon sac à dos avec quelques objectifs, j’ai fait toutes mes images avec mon Olympus 40-150 f/2.8, le plus souvent réglé à f/2.8; si quelques images sont sorties trop floues, la plupart étaient assez nettes et isolaient le sujet principal le plus possible. Le mode de mise au point en continu a également permis de suivre les danseurs en déplacement. Tout bougeant très vite, je n’ai pas hésité à multiplier les clichés, quitte à travailler en mode rafale. Bien des images se sont retrouvées dans la corbeille, mais j’en ai recadré d’autres images pour obtenir une image avec plus d’impact.
Un gros woliwon (merci!) à la communauté Wolastoqiyik Wahsipekuk. On se reverra l’année prochaine…
La saison des pow-wow tire à sa fin, mais vous pouvez toujours commencer à planifier la saison prochaine. Pour savoir quand et où se dérouleront les prochains pow-wow, l’idéal est de visiter le site https://tourismeautochtone.com/ . Allez ensuite sur « Quoi Faire », « Évènements », et finalement « Route des Pow-Wow et évènements » pour obtenir une liste des pow-wow, leurs lieux et leurs dates.
LES PHOTOS

Couple de danseuses. Celle de gauche pour une régalia qui inclut une image de « kakona », la tortue, qui a donné son nom au village, comme mentionné dans mon ouvrage sur les villes et villages du Québec.
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 à 125mm, 1/200 à f/4.0, ISO 200

Détail de régalia; les clochettes ajoutent leurs touches musicales aux danses.
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 à 85mm, 1/1600 à f/2.8, ISO 200

Un sage de la communauté Wolastoqiyik Wahsipekuk, tenant une serre d’aigle. Mr Tremblay (oui, c’est son nom) a été honoré pour son implication dans la communauté au début du pow-wow. Il a reçu une plume d’aigle; les aigles sont un symbole sacré chez les autochtones. D’ailleurs, si une plume d’aigle venait à se détacher d’une régalia, il est strictement interdit d’y toucher! On doit simplement en faire mention; seul le propriétaire peut toucher la plume, qui sera récupérée avec une cérémonie appropriée.
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 à 150mm, 1/320 à f/4.0, ISO 200

Détail de régalia. On ne doit absolument pas toucher la régalia, surtout les plumes, qui sont fragiles.
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 à 67mm, 1/2500 à f/2.8, ISO 200

Jeune danseur en régalia et maquillage de circonstance. En photographiant de bas en haut, j’ai pu l’isoler de la foule.
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 à 55mm, 1/400 à f/4.0, ISO 200

La relève! Très enthousiaste, cette jeune danseuse était tout simplement adorable.
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 à 135mm, 1/1600 à f/2.8, ISO 200

Les régalias peuvent prendre plusieurs formes, comme on le voit ici avec cette danseuse portant une peau d’ours.
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 à 100mm, 1/800 à f/2.8, ISO 200

On voit ici un bon exemple de la confusion qui peut être générée par la foule en arrière-plan.
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 à 85mm, 1/1600 à f/2.8, ISO 200

En serrant plus, on peut isoler une danseuse du fond et lui donner plus d’emphase.
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 à 106mm, 1/1600 à f/2.8, ISO 200

Il n’est pas nécessaire de voir la totalité du sujet. Tout se joue dans la composition.
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 à 150mm, 1/640 à f/2.8, ISO 200

Les régalias existent en plusieurs catégories. Ici, un « traditionel » wendat, avec sa massue de guerre et sa coiffe en plumes de dindon sauvage.
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 à 82mm, 1/1000 à f/2.8, ISO 200

Les danseurs ne sont pas toujours en mouvement effrénés, on peut alors en profiter pour mieux peaufiner sa composition.
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 à 67mm, 1/1250 à f/2.8, ISO 200

Les danses ont souvent des noms spécifiques. Ici, on voit un jeune danseur performant la « Chicken Danse » inspirée par la parade nuptiale des tétras des prairies.
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 à 150mm, 1/1250 à f/2.8, ISO 200

Une régalia de type « Fancy ». Faut en couleurs, ces régalias ont vu le jour à l’époque des spectacles de Buffalo Bill et de sa troupe. Il est même passé par Montréal en 1885 (https://www.montrealgazette.com/news/article487468.html)
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 à 50mm, 1/1600 à f/2.8, ISO 200

En profitant d’une pause dans la danse, j’ai bénéficié d’un angle qui a isolé le sujet de la foule.
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 à 79mm, 1/1250 à f/2.8, ISO 200

Un bon exemple de recadrage adapté au sujet. En choisissant un format carré, j’ai éliminé une bonne partie des distractions autour du sujet principal.
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 à 110mm, 1/500 à f/2.8, ISO 100

J’ai fait quelques expériences en travaillant avec des vitesses très lentes. Si la plupart des images n’ont rien donné de vraiment intéressant, quelques-unes se sont démarquées.
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 à 150mm, 1/20 à f/16 avec filtre ND intégré, ISO 200

Les vitesses lentes utilisées durant une danse peuvent donner un rendu du mouvement intéressant.
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 à 85mm, 1/10 à f/22 avec filtre ND intégré, ISO 100