COMÈTES, PRISE 2…
- Christian Autotte

- 2 nov.
- 4 min de lecture
J’ai déjà écrit sur la photographie de comètes il y a quelques mois, lorsque nous étions visités par la comète Tsuchinshan-ATLAS. Au moment d’écrire ces lignes, nous sommes à nouveau visités, cette fois par deux comètes, Lemmon (C/2025 A6) et Swan (C/2025 R2). Si la seconde est plutôt éloignée, et donc moins lumineuse, Lemmon nous a offert un beau spectacle, avec une longue chevelure traînant derrière le noyau lumineux.
J’ai donc ressorti mon Olympus 40-150 muni d’un doubleur de focale (équivalent 600mm sur un plein cadre) pour faire une série de photos de 15 secondes. Au total, c’est 143 images qui ont été réalisées, pour un total d’exposition de 2145 secondes, ou près de 36 minutes.
Le tout a ensuite été importé dans un logiciel libre de droits, DeepSky Stacker. Celui-ci empile les images et accumule la luminosité de chacune; l’effet final est alors d’obtenir la luminosité équivalente au temps cumulatif sans augmenter la dégradation due à la pollution lumineuse. Si l’utilisation de ce logiciel est normalement assez simple avec les sujets de « ciel profond » comme les nébuleuses et galaxies, les choses se corsent lorsque l’on photographie une comète pendant une période de temps assez longue. C’est que contrairement aux éléments du ciel profond, les comètes qui nous visitent font le tour du soleil, et sont donc tout près de nous et elles se déplacent rapidement.
Si on utilise alors le logiciel (ou d’autres logiciels pour empiler des images astronomiques) de façon conventionnelle, la comète a toutes les chances de s’être déplacée sur une distance appréciable par rapport au fond de ciel étoilé. C’est ici que DeepSky Stacker (ou DSS pour les intimes) se démarque de la compétition. Une des options du logiciel est de « stacker » des images de comètes. On doit d’abord importer toutes les images, sans oublier les « darks » (images noires), les « flats » (qui réduisent le vignettage), et les « bias » (le bruit de base des capteurs numériques). Une fois toutes les couches sélectionnées, on active le mode « comète » à droite de l’écran de base. Ensuite, dans les menus du logiciel, on doit sélectionner l’onglet « Comet » pour choisir l’option « Stars + Comet Stacking »; le temps de traitement sera doublé, le logiciel traitant séparément le champ d’étoiles et la comète pour éviter que l’un et l’autre ne soit distorsionné dans l’image finale.
L’image qui sort normalement de DSS n’est pas parfaite, et de loin. Il est possible de faire des réglages dans DSS pour que la photo qui sort du logiciel reçoive plus de traitement à la base. Mais on peut également accepter la photo imparfaite pour ensuite la traiter avec Photoshop. C’est l’approche que je favorise. J’ajuste la luminosité, le contraste, la netteté, le bruit numérique, d’abord dans Photoshop, avant de finir dans Lightroom. Le résultat final a été une image intéressante de la comète avec une queue « échevelée », qui est possiblement un effet du traitement effectué sur une aussi longue série d’expositions avec un sujet mobile.
J’ai tenté la même chose avec la comète Swan, mais comme mentionné au début, celle-ci est présentement très éloignée, plus petite, sans queue visible. La comète se résume donc à une tache verdâtre au milieu des étoiles. Même en traitant au mieux de mes capacités, le résultat obtenu ne se rapproche pas de celui que j’ai eu avec d’autres comètes plus « classiques ».
Pour ceux qui ne sont pas enclins à passer de longues minutes (ou même des heures…) à traiter leurs images sur l’ordinateur, il y a toujours l’option de pousser l’ISO au maximum et de faire une seule image. Par contre, si on ne dispose pas d’un système motorisé pour suivre le mouvement des étoiles le temps d’exposition doit être très court sinon les étoiles ne se présenteront pas sous la forme d’un point, mais comme un trait allongé. Pour déterminer l’exposition la plus longue, on utilise la formule 600/focale, sans oublier le facteur de conversion si on utilise autre chose qu’un plein cadre. Donc avec mon micro 4/3, qui a un facteur de 2, le 300 mm équivaut à un 600. La formule me donne donc 600/600 = 1 seconde, ce qui est très court pour une photo astronomique. En fait, je préfère même la formule 500/focale, qui donne des étoiles encore plus nettes… Dans mon cas, l’appareil était monté sur la tête motorisée de mon télescope, ce qui m’a permis d’exposer pendant 20 secondes et d’obtenir une photo raisonnable.
LES PHOTOS

Les premières images réalisées n’étaient que de 360 secondes (6 minutes). La comète Lemmon paraît « normale »…
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 et 2x, 24 images de 15 sec, ISO 3200

Pour obtenir une meilleure image, j’ai exposé plus longtemps avec un ISO plus bas. Mais le développement habituel avec DSS a donné une image de comète déformée.
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 et 2x, 143 images de 15 sec, ISO 1600

En utilisant le mode « comet » de DeepSky Stacker la comète garde sa forme normale. Avec la plus longue exposition, on devine un peu plus la chevelure de la comète.
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 et 2x, 143 images de 15 sec, ISO 1600

Dans DSS, on importe les images, puis on sélectionne l’icône « comet » à droite, lorsque vient le moment de « stacker » les images, on accède à l’onglet « Comet »…

… ou on sélectionne l’option Stars + Comet Stacking pour obtenir une image nette des étoiles et de la comète.

La comète Swan est déjà très éloignée; les conditions météo défavorables m’ont empêché de la photographier plus tôt, alors qu’elle était plus près du soleil.
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 et 2x, 32 images de 15 sec, ISO 3200

Une seule image avec l’ISO poussé très haut a donné un résultat acceptable. La caméra était montée sur ma tête de télescope motorisée pour suivre le mouvement des étoiles.
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 et 2x, 20 sec, ISO 20 000
Pour plus de renseignements sur les réglages à effectuer avec DSS voir :
Ces vidéos et le texte détaillé sont en anglais.





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