Il y a maintenant plus d’une trentaine d’années, j’ai eu la chance de gagner un voyage en Suisse. Le prix comprenait deux billets; j’ai donc invité un ami photographe à m’accompagner. Et pour la petite histoire, nous sommes partis de l’aéroport de Mirabel…
C’était l’époque de l’argentique, il a donc fallu considérer la quantité de film à ajouter aux bagages. Dans mon cas, j’ai inclus 48 bobines de 36 poses, divisés entre du Kodachrome et du Fujichrome. Mon équipement consistait en deux boitiers, deux grands angles, 24 et 35 mm, une 50mm macro, et un zoom 80-300.
Notre destination initiale était le petit village de Grindelwald, au cœur des Alpes suisses. Arrivée à Zurich. Le train à destination de Grindelwald partait directement de l’aéroport. Un transfert était nécessaire pour se rendre à notre hôtel, ce qui nous a permis de constater l’efficacité des trains suisses : l’heure du départ était à 12 :02… pas à 12 :04 ou 12 :05… et il est partis à l’heure juste!
Grindelwald est un petit village touristique niché au cœur d’une vallée. De notre chambre d’hôtel, on pouvait voir le pic du Mont Eiger. On pouvait choisir entre plusieurs pistes de randonnées partant dans diverses directions. Dans certains cas, il suffisait de marcher; dans d’autres, on devait d’abord prendre un téléférique. Notre routine s’est établie dès le début du voyage : levé tôt, déjeuné (inclus), puis une brève visite chez le boulanger pour se prendre une baguette, du fromage, et du chocolat, puis le départ pour une pleine journée sur les sentiers.
Premier constat, les Suisses sont en forme… En randonnée vers le Faulhorn, un hôtel construit en 1830 que l’on rejoint seulement à pied ou en hélicoptère, on était à 2,681 m (8,796 pieds). Peu habitués à l’altitude, nous faisions quelques pas avant de s’arrêter pour souffler un peu. Pendant de temps, des ainés de deux fois notre âge nous dépassaient avec un petit « bitte » (excusez moi…)… Une de mes randonnées m’a mené au sommet d’un glacier, après avoir suivi un sentier étroit entre une falaise et un à-pic de quelques centaines de pieds; pour croiser un randonneur en sens inverse, l’un des deux devait s’aplatir contre la falaise et laisser passer l’autre… Après avoir gravi une échelle fixée à la falaise, je suis finalement arrivé à destination, tout essoufflé, pour trouver un couple âgé qui mangeait son diner comme si de rien n’était…
Autre constat : le grand respect des Suisses pour leur environnement. En randonné dans les parcs du Québec on croise souvent des rebus laissés par d’autres visiteurs : sacs de friandises, mouchoirs de papier, bouteilles d’eau, etc. Durant toutes nos randonnées en Suisse, nous n’avons pas vu ne serait-ce qu’un mégot de cigarette! En surface, la Suisse est un petit pays; à 41,285 km2, elle pourrait entrer 37 fois dans le Québec avec une population presque identique. Tout est donc concentré. Le sentier de randonnée de la belle saison devient une piste de ski en hiver. Et dans les deux cas, le sentier passe souvent par des propriétés privées. Croiser des chalets était chose courante, et à plusieurs endroits nous étions accompagnés par le tintement des cloches de vaches et de moutons. À quelques endroits, nous avons traversé des clôtures particulières, munies d’un « dédale » empêchant les animaux de passer sans avoir la nécessité d’ouvrir et de refermer une porte.
Si la Suisse est un petit pays, sur place elle parait bien plus grande. C’est qu’elle a un aspect vertical qui est absent du Québec. Soyons francs, le mont Tremblant n’a rien de comparable avec les Alpes… Durant notre deuxième semaine, nous avons loué une auto et campé pour voir plus de pays. À quelques endroits, la route montait à flanc de montagne en une suite de zigzags serrés. Et nous avons trouvés ici une autre raison d’admirer la façon de faire des suisses. Alors que chez nous une telle route aurait été placardée de signes interdisant de stationner, les suisses ont élargi la route çà et là, pour permettre de s’arrêter de façon sécuritaire et d’admirer le paysage. Et quel paysage! Souvent, nous avons roulé quelques minutes avant de nous arrêter à nouveau pour faire une autre photo, le plus souvent très différente de la précédente.
Le seul désavantage de visiter la Suisse demeure le coût de la vie. Lors de notre visite, le franc suisse et le dollar canadien étaient au pair (il est à 1.55$ au moment où j’écris ces lignes). La petite pizza coutait 20 francs, et le Coke 4 francs la petite bouteille… Le prix des denrées en Suisse est environ 60% plus élevé que dans les pays avoisinants.
Malgré tout, si j’en avais l’opportunité, je n’hésiterais pas à y retourner.
LES PHOTOS
Toutes les images sont tirées de diapositives. Les appareils photos étaient des Canons, un F-1 et un AE-1.
Le mont Eiger (3,967 m ou 13,015 pi) était visible depuis notre chambre d’hôtel à Grindelwald. Il est célèbre pour la difficulté à escalader sa face nord; depuis 1935, au moins 64 grimpeurs sont morts durant leurs tentatives.
Regardez bien ce sentier de randonnée; si certaines portions comportent une clôture, à d’autres endroits un faux pas pourrait avoir de sérieuses conséquences… Tout en bas, on aperçoit le village de Grindelwald.
On trouve plusieurs téléfériques autour de Grindelwald, dont le Männlichen Banh qui mène au village de Wengen, bien connu pour les compétitions de ski alpin qui s’y déroulent chaque année.
Partout en montagne, on peut voir des chalets et habitations qui nous rappellent que les sentiers de randonnée passent le plus souvent par des propriétés privées.
La neige a tombé durant la nuit. Malgré les apparences, il faisait assez chaud pour être en shorts…
Les sentiers de randonnée sont très bien balisés. Les directions incluent le temps de marche en heures et en minute… en autant qu’on soit assez en forme pour maintenir le rythme…
Et certains signes méritent d’être respectés à la lettre… que ce soit en allemand, français, anglais ou italien. Selon les régions, la Suisse a trois langues officielles.
Peu importe la direction où porte le regard, les Alpes valent le coup d’œil.
L’hôtel Faulhorn sur son sommet. On y accède seulement par des sentiers pédestres ou par hélicoptère. Il n’a pas d’eau chaude, et l’électricité est limitée. Pour les curieux, le site internet est très intéressant : https://www.faulhorn.ch/en/
Une de ces clôtures qui permet de passer sans ouvrir la porte. Tor Zu! Se traduit par « Porte Fermée! ».
Un peu partout le long des sentiers on croise de belles vaches au pâturage. Leurs cloches permettent aux fermiers de retrouver leurs bêtes en plus de faire de la musique d’accompagnement pour les randonneurs!
Haut dans les montagnes, nous avons croisés ces moutons dans leur pâturage alpin. Leurs cloches, plus petites, ont un son plus clair que celles des vaches.
Le Unterer Grindelwaldgletscher ou glacier inférieur de Grindelwald. Comme un peu partout dans le monde, le glacier a perdu beaucoup de sa masse à cause du réchauffement climatique. Lors de notre visite, on entendait souvent des « coups de tonnerre » avant de se rendre compte qu’il s’agissait d’avalanches comme celle que l’on voit à droite du centre.
Dans un des glaciers de la région de Gindelwald, un tunnel avait été creusé, créant une caverne de glace fascinante. Je me demande si c’est toujours possible de creuser de telles galeries aujourd’hui…
Pour se rendre au sommet d’un sentier menant à un des glaciers, il fallait passer par une solide échelle rudimentaire. L’ami qui m’accompagnait a peur des hauteurs; rendu à cet endroit, il a décidé qu’il voulait se reposer un peu…
La vue en haut du sentier en valait la peine. Il s’agit ici du glacier supérieur de Grindelwald (Oberer Grindelwaldgletscher).
Après avoir quitté Grindelwald (à regret…), nous avons passé la semaine à visiter en voiture. Un des endroits que nous avons vu comportait un bel exemple de vallée glaciaire : la Passe de Furca.
Cette autre vallée montre le genre de route en lacet qu’on retrouve dans les Alpes.
On peut imaginer la quantité de travail nécessaire pour établir et entretenir ce genre de route…
La Suisse n’est pas aussi reconnue que la France pour ses châteaux, mais on en a tout de même vu dans plusieurs villages.
Par contre, le pays est bien connu pour ses trains. Là où les pentes sont plus raides, les trains sont à crémaillères; on voit bien le troisième rail qui permet au train de monter les pentes abruptes à l’aide d’un engrenage.
Dans le Valais, on peut admirer ces anciennes granges d’un type particulier. Nommées « raccard » ou « mazot », on y entreposait des grains dans la partie supérieure, accessible seulement avec une échelle. Au-dessus des piliers on peut voir de grosses roches plates; celles-ci empêchaient les rongeurs de monter pour aller se repaître de la récolte. De telles granges se trouvent également en Espagne, au Portugal, et dans les Alpes italiennes.
À quelques occasions, j’ai en l’opportunité de faire des comparatifs entre le Kodachrome et le Fujichrome. J’ai trouvé le Fujichorme plus riche, avec un meilleur contraste et des tons plus chauds. Dès lors, Fuji est devenu ma pellicule de choix jusqu’à ce que j’abandonne l’argentique.
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