Si les téléobjectifs sont plus ou moins la norme en macro, l’utilisation des grands angles demeure répandue, mais ils requièrent souvent une approche adaptée.
Beaucoup de grands angles permettent de se rapprocher suffisamment pour faire des gros plans de fleurs, de feuilles, ou autres sujets de taille modeste. La meilleure approche pour trouver la mise au point minimale consiste alors à travailler en mise au point manuelle, faire le réglage au plus près, et avancer et reculer pour trouver la distance de travail qui permet d’obtenir une image nette. Dans bien des cas, cette distance sera de quelques centimètres à peine.
Le plus gros défi demeure l’arrière-plan : un arrière-plan trop « occupé » réduit grandement l’intérêt ou l’impact de l’image. Dans la plupart des cas, il faudra réduire son importance en choisissant une ouverture de diaphragme assez grande pour garder le fond relativement flou. Dans bien des circonstances, un bon sujet ne sera pas supporté par un fond de qualité, de sorte qu’il faudra se résigner à chercher un peu plus pour trouver un sujet avec un arrière-plan adéquat. Dans certains cas, un sujet que l’on peut déplacer pourra être transporté au bon endroit. Certains pourraient être tentés de dire que le photographe a « triché », mais de telles manœuvres sont acceptables pourvu que le sujet soit placé dans le même type d’habitat. Dans un des ouvrages de ma bibliothèque, un photographe du National Geographic raconte avoir marché toute la journée avec un coquillage dans sa poche; il cherchait la « bonne » feuille pour y placer sa coquille…
Dans d’autres circonstances, on peut trouver des sujets dont le fond n’est ni plus ni moins qu’un complément ou une suite du sujet principal, comme un champ de fleurs de même espèce. Dans de tels cas, on peut se permettre plus de profondeur de champ. Le grand angle permet alors de montrer la multiplicité des individus présents dans l’image.
L’autre problème inhérent à la macro au grand angle est la distance de travail réduite. Un objectif que j’ai eu l’occasion d’utiliser par le passé est le remarquable Laowa 15 mm macro. Non seulement est-il un excellent grand angle, muni d’une correction pour redresser l’image (« tilt-and-shift » mais seulement sur un côté), il permet également de faire la mise au point en continu jusqu’à toucher l’élément frontal de l’objectif! On peut donc imaginer à quel point l’éclairage du sujet peut parfois devenir compliqué! Qu’à cela ne tienne, l’utilisation de cet objectif demeure assez simple et les images produites sortent de l’ordinaire.
Avec les grands angles extrêmes, y compris les « fisheyes », l’utilisation d’un trépied s’avère parfois problématique : la composition de l’image inclue parfois les pattes du trépied! Deux solutions s’offrent alors au photographe : travailler à main libre s’il y a suffisamment de lumière, ou éliminer les pattes du trépied en postproduction avec un logiciel de retouche.
Mais pourquoi se donner tant de mal à faire des images macro avec un grand angle? D’abord, c’est pour créer des images qui se démarquent. Alors que la plupart des images macro sont faites au téléobjectif, une image grand angle ressort automatiquement du lot. L’autre avantage est de placer le sujet dans son environnement. Finalement, les grands angles augmentent l’effet de distance apparente entre l’avant-plan et le fond, ce qui permet de donner plus d’importance au sujet principal.
Comme c’est souvent le cas sur le terrain, le plus difficile sera de penser à changer d’objectif pour sortir le grand angle au moment opportun…
LES PHOTOS
Un champ de Trille à grandes feuilles sur le Mont Rigaud. Pour obtenir la profondeur de champ souhaitée, j’ai utilisé la fonction « stacking » de mon Olympus.
Olympus E-M1 Mark II, 12-40 à 12 mm, 1/80 à f/6.3, ISO 500
Les Houstonie bleue forment souvent de vastes colonies, comme celle-ci au Parc du Mont-Tremblant. On voit bien l’effet du grand angle qui augmente la taille des éléments de l’avant-plan par rapport à ceux plus éloignés.
Olympus E-M1 Mark III, 12-40 à 19 mm, 1/800 à f/8.0, ISO 200
La marguerite de l’avant-plan n’est qu’à quelques centimètres de l’élément frontal de l’objectif. Dans de telles circonstances, il faut faire particulièrement attention à la lumière.
Canon 6D, Laowa 15 mm macro, 1/1000 à ~f/8.0, ISO 320
Un 40 mm n’est pas l’objectif le plus large, mais combiné avec l’angle j’ai placé ce lys sauvage, un Érythrone d'Amérique, dans son environnement forestier.
Canon 20D, 17-40 à 40 mm, 1/400 à f/8.0, ISO 200
La même espèce de lys, avant l’apparition des fleurs, m’a donné une image intrigante de la pousse des fleurs au pied des arbres.
Olympus E-M1, 12-40 à 14 mm, 1/25 à f/11, ISO 200
Les champignons qui poussent en forêt sont des sujets particulièrement intéressants pour la macro au grand angle; on peut alors voir là où ils poussent plutôt que de se contenter d’un simple « portrait ».
Olympus E-M1, 12-40 à 12 mm, 1/25 à f/8.0, ISO 1600 / Olympus E-M1 Mark II, 12-40 à 12 mm, 1/13 à f/7.1, ISO 200
Cette plante poussait sur une plage rocailleuse aux îles Mingans. Pour montrer à quel point son environnement pouvait être hostile, j’ai choisi de travailler avec un « fisheye » qui exagère l’espace de la plage. L’effet d’horizon courbé ajoute une touche d’originalité.
Canon 40D, Tokina 10-17 à 10 mm, 1/400 à f/9.0, ISO 160
Moins prononcé, mais tout aussi efficace, le grand angle de ma Laowa 7.5mm montre dans quel environnement pousse le pourpier de mer, une plante particulière qui pousse dans le sable ou le gravier, juste au-dessus des plus hautes marées.
Olympus E-M1 Mark III, Laowa 7.5 mm, 1/1250 à f/8.0, ISO 400
En basse lumière, l’utilisation d’un trépied devient essentielle, mais son positionnement est parfois compliqué. L’effet « fisheye » était intéressant sur cette image de fougère. J’ai simplement retiré les pattes du trépied avec Photoshop.
Olympus E-M1 Mark III, 8 mm, 0.4 sec à f/11, ISO 400
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