Rien n’affecte plus l’image que l’on peut produire avec un appareil photo que la longueur focale de l’objectif que l’on monte sur celui-ci. Toutefois, la plupart des photographes ont tendance à choisir leur longueur focale plus en fonction de la distance entre eux et le sujet, ou en fonction du champ de vision souhaité lorsque l’on photographie un paysage. Ils devraient également penser à choisir la focale en fonction du champ de vision souhaité, pour isoler un sujet ou le placer dans son milieu.
L’exercice qui suit devrait être une leçon essentielle pour tous les photographes. Ces autoportraits datent de quelques années… J’avais moins de gris dans la barbe, j’habitais encore à Montréal (et j’étais membre du Club de Minéralogie de Montréal), et le tout a été réalisé à mon chalet en Outaouais. Toutes les images ont été réalisées avec un appareil APS-C qui a un facteur de conversion de 1,6x; autrement dit, un 400mm équivaut alors à 400 x 1,6 = 640mm, alors que le 10mm équivaut à un 16mm sur un plein cadre.
À 400mm, le champ de vision est très étroit; on ne voit que très peu du fond, qui est fortement embrouillé, ce qui permet d’isoler le sujet.
Canon 40D, 100-400 à 400mm, 1/80 à f/8.0, ISO 400
À 200mm, on inclue déjà plus du fond, qui devient quelque peu plus net.
Canon 40D, 100-400 à 200mm, 1/80 à f/8.0, ISO 400
Le 100mm est en quelque sorte un compromis entre isoler le sujet et voir où il se trouve.
Canon 40D, 100-400 à 100mm, 1/80 à f/8.0, ISO 400
Autour de l’objectif « normal » (le 50mm en plein cadre), le sujet n’est plus isolé; on le place dans son milieu et toute tentative pour l’isoler se limite à jouer avec l’ouverture. Dans une telle situation, on aurait tout intérêt à travailler avec l’objectif complètement ouvert. C’est à ce moment que l’on apprécie un objectif qui ouvre à f/1.8…
Canon 40D, 17-40 à 40mm, 1/60 à f/8.0, ISO 400
Au grand angle, le sujet fait désormais partie du paysage. C’est la bonne approche pour lier les deux ensembles. On voit le sujet dans son milieu.
Canon 40D, 17-40 à 20mm, 1/60 à f/8.0, ISO 400
Attention aux « super grands angles » qui peuvent introduire beaucoup de déformations. Remarquez mon poing ; par rapport à la photo précédente, mon poing parait plus gros que ma tête! Ce genre de distorsion peut s'avérer intéressant avec certains sujets (coquillages sur une plage ou fleur à l’avant-plan d’un champ), mais lorsque mal géré il peut donner des images disproportionnées.
Canon 40D, 10-20 à 10mm, 1/60 à f/8.0, ISO 400
Quelle leçon peut-on tirer de ces images? Si vous désirez isoler un sujet de son milieu, favorisez les longues focales et prenez la peine de vous reculer autant que nécessaire pour composer votre image. Ça me rappelle une scène que j’ai vue il y a plusieurs années…
En sortant d’un métro dans le Vieux-Montréal, je suis tombé sur un photographe installé sur le trottoir avec un super-téléphoto. C’était avant l’avènement des téléphones cellulaires, et il parlait avec quelqu’un à l’aide d’un walkie-talkie. Je me suis retourné dans la direction pointée par le téléobjectif pour apercevoir son assistant et un modèle à au moins un coin de rue plus loin… Avec le champ de vision bien étroit de son objectif, le photographe isolait son sujet du tohu-bohu de la grande ville…
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